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Joker, le va-tout controversé de Warner

Nouvelle tentative pour le studio hollywoodien de rentabiliser sa marque de comics, Joker est un film réussi sur le plan technique mais au discours tendancieux, voire dangereux. Explications.

Let’s put truth on their faces. Source : Allociné

Warner joue beaucoup aux petits chimistes avec sa licence DC. Constamment dans la recherche de ce qui pourrait la faire fructifier, le studio s’est lancé un nouveau défi avec « Joker » en produisant un film sombre et au budget maitrisé, centré sur le plus grand némésis de Batman et ses origines.

Acclamé par la critique, Lion d’Or à Venise, et Box-Office monstrueux, le film rencontre très rapidement le succès que Warner recherchait tant. Mais à quel prix ? Si Joker est bien le film sombre vendu, son scénario ressemble à une mauvaise blague, où l’ultra-réalisme et la noirceur ont pris le pas sur le matériau d’origine du personnage des comics, faisant perdre ainsi à l’oeuvre son attachement à la pop-culture pour la relier plus au drame et au film de gangster.

Bientôt le milliard, Jojo kiffe. Source : Allociné

Alors que sur le plan technique, la beauté visuelle du film est indéniable comme la réussite des interprétations des acteurs, Joaquin Phoenix en tête, Joker a ce défaut inné de suivre un personnage problématique. Le Joker, de par sa nature est psychopathe, instable, noir, déjanté, marginal, imprévisible et illogique. Ses nombreux qualificatifs en font implacablement une personne qui n’est pas digne de confiance. Pourtant, même si Todd Phillips se défend de valider ce message, le parcours scénaristique du film approuve la réflexion et donne raison à son protagoniste anti-héros, qui lorsqu’il n’est pas rejoint, neutralise ses détracteurs. Ainsi, si plusieurs personnages du film contribuent de manière indirecte au naufrage dans la folie criminelle d’Arthur Fleck, ils sont aussi critiqués de manière virulente pour les discours qu’ils tiennent ou leur stature dans la société.

Joker fait joujou devant la caméra. Source : YouTube

Le film passe ainsi son temps à véhiculer un message critique virulent sur les riches ou les puissants, même lorsqu’ils tentent d’aider toutes les populations de Gotham. Il en reste en conclusion que le chaos pourrait être une solution à envisager pour que le peuple reprenne le pouvoir. Morale plus que discutable initiée par un personnage reconnu comme mauvais et donc aux actions injustifiables.

Cependant avec son approche du milliard au Box-Office et la multiplication des apparitions de masques de clown dans les nombreuses manifestations à travers le monde, la population réelle semble admettre le discours du Joker, reprochant leur situation difficile aux riches et aux puissants. L’impact du film sera t-il assez fort pour marquer un tournant politique et/ou culturel réel ? Wait and see.

Note finale : ★☆☆☆☆

Nathan DARMON

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