Sorti le mois dernier, le one-shot consacré à l’origin story de la psychiatre la plus folle d’Arkham nous plonge dans une histoire sombre, prenante et passionnante.

Le Joker a eu The Killing Joke. Harley Quinn aura désormais Harleen. Après avoir été créée en 1992 pour la série animée Batman, puis popularisée au fil du temps par ses fans et la culture pop, la villain la plus déjantée de Gotham a enfin droit à une relecture de ses origines plus sombre, plus adulte et plus sérieuse que ce qui lui avait été consacré jusqu’alors. Car, si Harley Quinn est bien l’un des personnages les plus aimés de chez DC Comics, son passé reste nébuleux pour beaucoup de personnes. C’est désormais révélé (ou du moins une version) grâce à ce one-shot de Stjepan Šejić qui vient apporter sa vision de la lente descente aux enfers de cette psychiatre-psychopathe.
Jeune psychiatre ambitieuse, Harleen Quinzel cherche le respect de ses pairs après des erreurs de jeunesse l’ayant discréditée. Lorsque le financement de son programme de recherche médicale et psychiatrique est accepté par Wayne Industries, le Dr Quinzel se dit qu’elle voit enfin la lumière au bout du tunnel. Prise en poste à Arkham, elle va vite déchanter face à ses patients excepté un qui semble corroborer ses théories : le Joker.

Avec son histoire racontée du point de vue de sa protagoniste, Stjepan Šejić nous plonge directement dans les pensées, les tourments, les rêves et surtout les cauchemars de la future partenaire du Joker. Face à un criminel charmeur et manipulateur, le lecteur suit la lente transformation du Dr Quinzel en Harley Quinn à mesure que le piège qu’il lui tend se referme peu à peu sur elle. À contrario du Joker qui nous a été présenté en salles en octobre dernier, ici l’auteur maîtrise son scénario pour que le lecteur ne soit jamais pris par le doute face aux bonnes et surtout aux mauvaises décisions d’Harleen Quinzel.
Dans un style résolument mature et numérique, Šejić nous fait voyager dans un Gotham impressionnant et menaçant avec ses grandes figures imposantes (Batman, Poison Ivy, Double-Face, Gordon…) que l’on retrouve dans le récit. Si tous sont dessinés dans un style classique modernisé, seul le Joker a droit à un relifting façon rockstar un peu surprenant, mais pouvant s’expliquer par le point de vue racontant l’histoire. Enfin, si les aficionados de comics risquent de voir dans ce one-shot une redite du Mad Love de Bruce Timm et Paul Dini, l’ouvrage réussit à s’en démarquer via son ton plus sérieux et son style moins cartoonesque.

Pour tout fan de Batman et de son univers, Harleen est un vrai plaisir à lire. Quelques lenteurs scénaristiques viennent certes ponctuer le récit, mais ne le font jamais tomber dans l’ennui. Après plus de 20 ans à passionner les mordus de comics, Harley Quinn a enfin droit à un traitement mature et investi, plus que mérité. Il était temps !
Note finale : ★★★★☆