La société de Reed Hastings vient de s’offrir un complexe cinématographique sur la 5e avenue à Manhattan. Véritable vitrine pour y diffuser ses productions, l’enjeu ne s’arrête pas pour autant à juste une projection sur grand écran.
Il était menacé, le voilà sauvé. Le Paris Theater, cinéma indépendant new-yorkais n’arrivait plus à survivre dans son quartier, la faute à son nombre limité d’écran (Un seul), l’augmentation des loyers ainsi que la concurrence grandissante. L’homme, ou plutôt la société providentielle derrière ce sauvetage n’a pas besoin de musique héroïque, juste de son TOU DOUM habituel.
Netflix, qui n’a jamais trop pu compter sur le secteur historique du cinéma traditionnel pour se développer, tient là un atout supplémentaire pour appuyer sa position de plus en plus grande au sein des studios hollywoodiens. Même si Ted Sarandos, le directeur des programmes du service assure que cet achat contribue à « (…) pouvoir préserver cette institution historique de New-York afin qu’elle puisse continuer à incarner un havre pour tous les cinéphiles », l’intention derrière est pourtant claire. Avec cette possession, Netflix s’ouvre un peu plus la porte des Oscars et des récompenses.

La règle des Oscars est claire : Si un film veut concourir, il doit être diffusé au minimum pendant une semaine dans une salle de cinéma de Los Angeles et une de New-York. Jusqu’à présent, Netflix privilégiant sa plateforme plutôt que les salles, ses oeuvres n’ont que rarement pu prétendre aux grandes récompenses du cinéma. Seule concession, Roma d’Alfonso Cuarón, qui s’est avérée payante, le film ayant gagné trois oscars.
Depuis, les complexes cinématographiques américains comme AMC ont mis des bâtons dans les roues du service en refusant de distribuer ses films. Ils expliquent reprocher à Netflix de ne pas laisser de visibilité aux sorties en salles, en sortant leurs oeuvres de manière simultanée. Netflix se retrouvait alors dans l’impasse.
La situation a commencée à se décoincer quand s’est conclu un rapprochement entre Netflix et l‘Egyptian Theater à Los Angeles. Désormais avec l’achat du Paris, l’impossibilité semble levée et assure à Netflix un argument supplémentaire pour faire venir de nombreux talents dans son giron.

À l’avenir, Netflix envisage un rachat complet de l’Egyptian Theater, pour assurer ses arrières. Le Paris Theater, quant à lui permettra également de donner prestige et cachet aux productions futures et actuelles de Netflix. Avant-premières, marathon de séries, projections-débats, un champ de nouvelles possibilités s’offre à ce néo-studio hollywoodien qui, lentement mais sûrement, s’installe dans le paysage cinématographique américain. Ne reste plus qu’à Reed Hastings et ses équipes d’inaugurer leur vieux cinéma tout neuf, peut-être avec The Irishman de Martin Scorcese, histoire d’empocher un Oscar 2020 ?